Audience du 21/11/2019 de la FSU avec A.S. Barthez (directrice générale de la DGESIP), I. Prat (déléguée générale de la DGESIP). Présence d’Y. Jean (président de l’université de Poitiers).

L’essentiel des échanges a porté sur la réforme de la formation des enseignants dont la mise en place est prévue pour septembre 2020.

Objectif de cette rencontre pour la FSU : suite aux différentes annonces et à l’issue de la concertation du 20 novembre, restent des questions et des ambiguïtés. La FSU souhaite échanger avec la DGESIP et faire remonter ses légitimes inquiétudes. Selon la FSU, cette réforme ne doit pas :

  • mettre les collègues en difficulté : légitimité, conditions de travail, services, conception de la formation,
  • entraver les études pour ceux qui souhaitent devenir enseignants : capacités d’accueil réduites ? année de M2 intenable, entrée dans le métier toujours aussi brutale (temps plein après le master ? mi-temps pour des lauréats sans aucune expérience ?
  • “dénaturer” le master…

Pour rappel, la FSU est contre la mise en place de la réforme à la rentrée et a des réserves importantes sur de nombreux aspects :

  • utilisation des étudiants comme moyens d’emploi
  • injonctions diverses de l’employeur en termes de modalités, contenus et recrutements (le fait-on pour d’autres masters ?)
  • manque de moyens pour les INSPE pour un accompagnement à la hauteur
  • exclusion des personnels et usagers de la procédure de désignation des directeurs-trices des INSPE : collègues (dont les représentants sont déjà minoritaires dans les instances) perçoivent cela comme un signe de défiance

Les différents points abordés lors de cette audience

Nous prenons pour exemple l’INSPE de Poitiers – mise en place d’un groupe de travail sur les maquettes et un séminaire académique – où les formateurs sont sous-représentés et dans lesquels les représentants de l’Inspection ultra-majoritaires passent commande des contenus en toute méconnaissance des contenus de maquette de la formation existante.

A.-S Barthez entend ce qu’on dit, elle souligne qu’il n’y a aucune volonté de sortir la FDE de l’université. Elle nous assure qu’on peut compter sur la DGESIP (sur la question de la liberté académique notamment). Il y a des discussions entre les deux Ministères qui reposent sur des bases sereines.
Pour ce qui concerne le mode de dialogue avec les établissements, elle précise une accréditation dans 2 ans à Poitiers. Il n’y a pas de volonté d’être prescriptif.

A.-S. Barthez partage cette vision – lors des réunions mensuelles avec les Recteurs la question des périmètres de chacun a déjà été évoquée. Mais elle ne peut pas savoir comment c’est mis en oeuvre sur le terrain. Au vu de ce dont on témoigne, la DGESIP leur rappellera qu’il s’agit d’une formation universitaire et que le MEN n’a pas à prescrire les contenus des maquettes

La FSU rappelle 3 points cruciaux :

  • la gouvernance des INSPE qui exclut l’avis des personnels (contraire au fonctionnement universitaire)
  • obligation d’1/3 de la formation par des collègues en services partagés
  • disparition de certaines disciplines du concours (nous prenons l’exemple de l’EPS) ceci adossé à la baisse drastique des effectifs, nous laisse craindre la fermeture des sites délocalisés, leur éloignement de la recherche…

A.-S. Barthez : des choix ont été faits en terme de gouvernance. Elle sait que cela ne satisfait pas les INSPE. L’objectif majeur est d’adosser davantage la formation à la recherche, qu’il y ait plus de dialogue avec les composantes et les laboratoires. Il ne faut pas voir de prescription quelconque. Elle ne souhaite pas des INSPE hors des universités.
Y. Jean rappelle que le maintien des sites délocalisés étaient liés à une politique d’établissement. Il sera attentif à ce que les sites délocalisés ne disparaissent pas dans la nouvelle offre.

A.-S. Barthez ne se prononce pas sur le caractère obligatoire de l’alternance. Il faut affiner.

A.S. Barthez et I. Prat interrogent la FSU sur les nouveaux concours.
Nos éléments de réponse :

  • pas assez d’informations sur les contenus pour avancer sur les maquettes (contenus dépendent du concours pour prendre l’exemple des savoirs fondamentaux)
  • déséquilibre 30% écrit 70% oraux va à l’encontre de l’objectif d’un concours de la fonction publique qui garantit l’égalité républicaine.

I.Prat : Pas d’objectif à rompre l’anonymat, mais ne pas enfermer dans un carcan d’écrit. Pour favoriser ceux qui ont eu l’expérience du terrain.

FSU : contre recrutement sur profil… Les profils sélectionnés seront celles et ceux qui sont au plus prêt de la culture scolaire. Rupture d’égalité républicaine. Le concours doit permettre à tous les publics d’être recrutés et de bénéficier d’une formation ambitieuse pour acquérir les connaissances et compétences utiles au métier et développer leur identité professionnelle.

  • Est-il question d’augmenter stages M1 ? L’arrêté master MEEF va-t-il être modifié en conséquence ?
  • La “réforme” envisage un service à temps plein pour lauréats des concours issus de MEEF et un mi-temps pour les autres… en termes de formation on ne gagne rien.

A.-S.Barthez : l’objectif est d’avoir un master en alternance qui n’est pas uniquement consacré à la préparation du concours, concours tourné plus vers la valorisation de la professionnalisation. Les masters MEEF sont la voie royale de la formation. Les étudiants lauréats d’un autre master ne sont pas accompagnés, pas de cadre/conseils sur le plan professionnel. Le Master MEEF restera donc attractif.

FSU : ce qui rendrait le MEEF attractif, ce serait : un véritable continuum de formation, pas d’obligation de service, master sans responsabilité pleine de classe. Une réelle formation T1 à mi-temps pour tous et une formation ambitieuse : 80 % en T2. Cette “réforme” au contraire met les étudiants M2 en responsabilité parce qu’elle vise à faire l’économie du temps de formation et rendre “employables” immédiatement des étudiants avant qu’ils n’en aient les moyens. C’est un mauvais pari : le stage ne permettant qu’une adéquation temporaire du PES au berceau de stage, celui-ci n’est pas armé pour faire face aux différentes situations d’enseignement auxquelles il sera confronté les années suivantes. Dans la Vienne, les enseignants passent environ 10 ans avant d’avoir un poste fixe. On observe une augmentation des démissions chez les PES T1, T2, T3, T4.

La FSU a rappelé le besoin de concertation :

  • Le Snesup a adressé un courrier à la DGESIP le 14 novembre 2019 demandant à être reçu : de nombreuses questions à faire remonter, ce temps d’échange nous paraît très utile. Cette demande est restée sans réponse.A.-S. Barthez a lu tardivement ce courrier et reconnait ne pas y avoir répondu
  • La FSU a demandé en septembre une audience avec les services des deux ministères… sera-t-elle reçue ?A.-S.Barthez n’est pas au courant.
  • La FSU demande si un un comité de suivi de la réforme de la formation des enseignants et des INSPE sera mis en place.A.-S. Barthez répond que la mise en place est en cours – la composition est arrêtée – une première réunion aura lieu avant décembre. (NB : la FSU n’a pas connaissance de la mise en place du comité).

Présence pour la FSU 86 : G. Tabourdeau (FSU), S. Volteau (élue SNESUP-FSU au Conseil d’Institut de l’INSPE).