Compte rendu des audiences FSU sur la formation des enseignants 30 et 31 janvier 2020

La FSU a demandé audience auprès de la présidence de l’Université de Poitiers et de la direction de l’INSPE. L’objectif général était de comprendre le positionnement de l’UP et de l’INSPE sur la “réforme” de la FDE – suite au report de la mise en oeuvre annoncé par le ministre de l’EN le 16 janvier.

Pour la FSU, plusieurs éléments posent problème nationalement comme localement :

  • Le ministre de l’EN a annoncé le report de la mise en oeuvre de la “réforme”, mais a maintenu les nouveaux concours pour la session 2022. Dans le même temps, l’agenda social déroulé par le ministère prévoit des concertations jusqu’à début juillet 2020. Ce n’est donc qu’à ce moment que nous aurons connaissance de l’ensemble des éléments (concours, modalités de stage).
  • Nous avons de nombreux retours de collègues exprimant inquiétude et colère face à ce qu’ils vivent comme une “confiscation” de leur travail : informations lacunaires, manque de concertation, prise en main de l’employeur sur les maquettes…

Pour la FSU, le report de la mise en place de la réforme doit permettre, tant au niveau national que local, de remettre à plat la formation :

  • pour négocier de bonnes conditions de mise en stage pendant le master : pour que le temps en école et établissement soit réellement formateur, les étudiants ne doivent pas être utilisés comme des moyens d’emploi. La FSU 86 a demandé que l’Université de Poitiers porte ce modèle contre celui du stage en responsabilité toute l’année. Le choix des berceaux de stage est crucial de ce point de vue (pour éviter l’éloignement et l’isolement des étudiants)
  • pour s’assurer de la mise en place de temps suffisant de formation après le concours (en formation continue T0-T1-T2). Pour rappel, la réforme de 2013 prévoyait déjà des compléments de formation après le master… mais dans la réalité, ces heures “perdues” des maquettes n’ont jamais été rattrapées.

Pour ces raisons, la FSU attend une expression claire de l’UP et de l’INSPE sur les points suivants :

  • une demande de report des nouveaux concours à porter au niveau national
    • l’UP portera la demande de report du nouveau concours pour 2023 si elle est portée par le CI de l’INSPE. La FSU 86 a donc demandé à la direction de l’INSPE de porter une telle motion afin de respecter la demande des personnels (70% favorables à un report de la réforme de la formation). Cependant, pour le moment, la direction de l’INSPE ne soutient pas cette position.
  • la garantie que ne seront pas élaborées de nouvelles maquettes pour la rentrée 2020 (et que les maquettes actuelles seront reconduites l’an prochain, comme c’est le cas dans plusieurs autres INSPE au niveau national).
    • la direction de l’INSPE n’envisage pas de mettre en place de nouvelles maquettes à la rentrée – et précise que l’état des discussions est tellement différent entre INSPE et UFR que cela ne serait de toutes façons pas possible. Elle en a informé les représentants du Rectorat. Elle souhaite cependant quelques “aménagements“ pour conserver ce qui est utile aux concours actuels et adapter ce qui peut l’être pour les nouveaux concours. L’exemple de la recherche en master PLC est cité : la direction souhaite qu’il n’y ait plus de rupture entre une “recherche disciplinaire” en M1 et une “recherche appliquée” en M2). La FSU 86 sera vigilante à ce que les aménagements ne soient pas une anticipation de la réforme alors que les contenus de concours ne sont à ce jour pas encore connus.
  • la garantie que les décisions à prendre pour la rentrée 2021 se feront en concertation avec les personnels enseignants, premiers concernés, et dans l’objectif d’une réelle amélioration de la FDE – et non dans le seul objectif de répondre aux injonctions de l’employeur. Dans cette optique, la FSU 86 relaie la demande de beaucoup de collègues d’une clarification du périmètre et des missions du “Groupe de travail” et de la nécessité d’avoir un travail collectif UFR – INSPE, PLC-PE – pour éviter les pseudo-clivages (comme si UFR détenait “savoirs disciplinaires” et INSPE étaient chargés de montrer les outils à appliquer pour la mise en oeuvre)
    • la direction de l’INSPE affirme que le Groupe de Travail mis en place n’a pas vocation à élaborer des maquettes, mais que les réflexions qui s’y mènent peuvent alimenter les autres instances (commission pédagogique, journées de département). Elle fait le constat d’un écart entre ce qui se dit et ce qui est compris par les collègues. Elle confirme que les modifications de contenu ne peuvent se faire que dans le périmètre des formateurs.
  • l’engagement que les capacités d’accueil en M1 ne seront pas diminuées pour anticiper le nombre de berceaux de stages mis à disposition par le rectorat
    • l’UP s’engage à garder les capacités d’accueil existantes dans l’ensemble des composantes concernées par la baisse du nombre de berceaux de stages (INSPE, Lettres et langues, STAPS…). La FSU 86 sera vigilante à ce que cet engagement soit également tenus par l’équipe présidentielle qui succédera à celle d’Yves Jean.

Des questions plus locales ont aussi été abordées :

  • La FSU 86 a rappelé la place des formateurs-trices INSPE dans la formation initiale des enseignant-es. Elle a ainsi demandé à ce que l’UP comme la direction de l’INSPE rappellent à l’employeur que la présence des référent-e-s est légitime et utile pour les rendez-vous auxquels le rectorat convoque les stagiaires.
  • La FSU 86 a insisté sur la charge de travail des collègues mis à disposition par le Rectorat, notamment du 1er degré, qui sont recrutés pour un mi-temps INSPE (cf fiche de poste Education Nationale). La direction indique qu’ils ne doivent qu’¼ de service à l’INSPE. La FSU 86 a donc demandé qu’une clarification soit faite auprès de l’employeur. De même, elle demandera dans une prochaine audience qu’une définition précise du volume horaire alloué pour chaque mission soit établie.
  • Face aux difficultés des enseignants INSPE (et plus généralement de l’université) pour faire reconnaitre leurs interventions dans la formation continue, la FSU 86 a défendu la nécessité d’un conventionnement entre le Rectorat et l’UP. Sans augmenter la limite de 64h complémentaires, et en rappelant que selon elle, les missions premières des enseignants de l’UP sont des interventions en FI, l’UP est favorable pour discuter de ces heures et de leur paiement avec le Rectorat pour faciliter des passerelles de service.
  • La FSU 86 s’est inquiétée de l’interprétation qui sera faite de l’indication dans le référentiel du MEN d’une maquette “d’a minima 800h” alors que la maquette actuelle pour les PE fait 850h (cadrage UP). Doit-on y lire une incitation à baisser de nouveau le volume global de la formation initiale des enseignant-es ? L’UP a répondu refuser de s’engager sur ce point et pense qu’elle a un rôle à jouer pour ne pas submerger les enseignant-e-s chercheurs/euses et évoque la nécessité de renouveler les pratiques d’enseignement. La FSU 86 a alerté sur une nouvelle baisse du volume d’enseignement qui ne serait que néfaste à la formation initiale qui a déjà été rabotée par les précédentes réformes.

A l’issue de ces deux audiences, la FSU 86 prend acte des réponses apportées par la présidence et la direction de l’INSPE et restera vigilante à ce que soit entendue la voix des collègues pour l’amélioration de la Formation des Enseignant-e-s, contre toute dégradation des conditions de travail et de formation. Elle communiquera aux collègues le contenus de ces échanges.

Consciente de la nécessité de porter les demandes des collègues, la FSU 86 organisera une réunion ouverte à tous les acteurs et actrices de la formation, UFR et INSPE… pour confronter les points de vue, voir ensemble comment faire barrage à la “réforme” Blanquer… et construire un contre projet de formation universitaire et professionnelle à la hauteur des besoins.